Un lien très fort m'unit à ces portraits. Les tout premiers sont nés alors que j'étais encore enseignant et que je m'initiais à la pratique numérique. L'idée, en gros, était de personnifier et valoriser mes élèves par des sortes de photomontages. Attribuer des couleurs, des formes, un style pour renforcer l'identification. L'expérience s'est prolongée avec la clientèle du café que je fréquentais où, tour à tour, chacun s'est prêté au jeu de "la photo retravaillée"... Et puis, et puis...
Je sentais que quelque chose se passait. L'impact qu'avait les images était surprenant. Sur mes ados d'abord avec une sorte de sacralisation des photos affichées - rien n'était détérioré ! - . Chacun voulait que sa représentation soit respectée, chacun respectait celle des autres. Pour "mes piliers de comptoir" ensuite qui s'étaient prêté peu à peu au jeu. La démarche était plus individualiste. Plus périlleuse également car aucun d'eux ne semblait apprécier la perspective d'être photographié. Je n'ai d'ailleurs jamais proposé directement de le faire. Je travaillais des images sur mon portable à la vue de tous, la curiosité a fait le reste. A quelque part je n'étais pas dans de la photographie classique avec mes créations et la qualité des images à venir reposait plus sur ma responsabilité que sur leurs traits physiques. Je consommais à l'oeil et les images fleurissaient dans le " Scorpion Bar ".
Faire plaisir est une satisfaction. Là ça allait un peu plus loin car on me disait que je distribuais de la confiance et de l'assurance. Ces "modèles de bar" ont tous été exposé aux Trinitaires à Metz pour le 11ème salon du court métrage. Mais ceci est une autre histoire...